Au bout du chemin de tout vigneron qui se respecte, se trouve le monde parfois utopique mais très souvent réalisable du vin nature. Le « 100% nature » pour certains, le « 0% d’intrants » pour d’autres, représente le paradis du vin mais est un Graal difficile à décrocher. Par croyance, par philosophie, tout intrant y est prohibé dans la quête de ce breuvage, y compris le célèbre et tant indispensable sulfite (vraiment indispensable ?). Ici, l’indispensable est interdit puisque nous sommes chez le saint des SAINS, le vin sans rien, le bout du chemin et de la ligne : Le vin nature.
Vous l’aurez compris, on ne parle pas de religion ou ni même de la poitrine de la gente féminine, nous parlons de l’association des vins SAINS (SAINS pour : Sans Aucun Intrant Ni Sulfite), une association regroupant une poignée de vignerons au naturel, paysans et amoureux de la terre dont l’élaboration de toutes leurs cuvées est et doit être « certifiée » sans aucun intrant, y compris les sulfites (la preuve par la fourniture des analyses de laboratoire).
Mais revenons un peu au commencement de mon histoire…
Dimanche 28 Avril :
Je viens de prendre une sacrée saucée printanière dans la tronche et par la même, je viens de comprendre qu’il ne faut vraiment pas se découvrir d’un fil. Je suis dans l’un des quartiers les plus dynamiques de Paris, le 15ème arrondissement et je me rends au salon des vignerons de l’association SAINS, sur la péniche de l’équité, la où l’été, la guinguette « la Javelle » prend résidence. Une dizaine de vignerons attend un public de passionnés qui comprend et partage la philosophie du vin « naturel ».
Parmi eux, Olivier Cousin, l’un des premiers vignerons à avoir combattu un syndicat d’AOC pour avoir inscrit le nom de son terroir sur la bouteille : Anjou, alors qu’il était en vin de France. D’autres participants reconnus dans le petit milieu du vin nature sont là, dont Gilles et Catherine Vergé, fondateurs de l’association SAINS et prophètes des vins « nature ». C’est donc sur ce petit bateau flottant sur la Seine, que je commence ma dégustation de vin SAINS.
On a tous déjà goûté des vins « nature » sans sulfites ou sans soufre ajouté avec une odeur souvent désagréable, perlant, voire même parfois repartant en fermentation. Bien-sûr, ils sont rares et pour certains, c’est l’expression d’un vin vivant, pour d’autres des défauts qui rendent le vin impossible à déguster. Les sulfites, que beaucoup de vignerons, y compris au naturel, utilisent, servent, même en petites quantités, à éviter certaines déviances et « défauts » possibles (source : le Grand précis des vins au naturel). J’ai donc pu voir de mes propres papilles comment sont les vins de ce groupuscule qui travaille SANS filets et SANS soufre ajouté.
J’ai rencontré 6 vignerons…
- Gilles et Catherine Vergé : Maconnais
- Xavier Marchais : Sud Angers
- Olivier Cousin : Sud Angers
- Massimiliano d’Addario : Abruzze
- Lous Grezes : Gard, Cévennes
- Jérôme Saurigny : Sud Angers
… Et testé leurs cuvées.
Pour ne rien vous cacher, je m’imaginais rencontrer des vins très originaux, découvrir d’autres goûts et saveurs mais aussi croiser le chemin de quelques vins déviants. Même si j’aime l’originalité et le vin « nature », je m’attendais à ce que certaines cuvées s’écartent un peu de la norme, je dois l’avouer.
Ne pas se fier aux préjugés et aux apparences.
J’ai donc été très agréablement surpris, en voguant de vigneron en vigneron. Surpris de voir ces vinificateurs réussir autant de cuvées. Surpris de cette parfaite maitrise du « sans aucun intrant ». Beaucoup de cuvées à l’acidité folle et rafraichissante, restaient droites toute en étant originales. Je leur ai trouvé beaucoup de charme et de sincérité. Peu importe le climat, le millésime et les aléas, leurs vins seront tous 100% « nature ».
C’était tout simplement fou.
Cette quête du vin parfait, impossible pour le commun des mortels, semble avoir été réussie. Mais quoi de plus logique que ce soit un SAINS qui la mène à son terme ?
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