Très sujet aux préjugés, le vin blanc “sucré” (doux, donc pas sec) est souvent associé aux Sauternes et aux Jurançon, les célèbres appellations françaises de vins blancs moelleux et liquoreux. AOC méconnue et discrète, connaissez-vous l’appellation Bonnezeaux ?
Bonnezeaux est une AOC du Val de Loire, plus précisément du vignoble de l’Anjou, à 30 kilomètres au sud d’Angers. C’est une appellation qui propose exclusivement des vins sucrés appelés « moelleux ». C’est aussi, une des plus petites AOC du Val de Loire et surtout, l’une des plus prestigieuses.
L’aire d’appellation s’étend sur près de 100 hectares mais seulement 84 sont plantés et produisent du vin. Le cépage est le Chenin, célèbre dans tout le Val de Loire. Seulement une quarantaine de vignerons produisent des vins blancs de l’AOC Bonnezeaux. Bien-sûr, ils peuvent aussi proposer des vins en AOC Anjou, Anjou Village etc… Cela serait très risqué de ne proposer que des vins Bonnezeaux.
En effet, il est difficile de produire des vins blancs sucrés et les coûts de production sont souvent élevés.
Visualisation du vignoble :
Pourquoi prestigieuse ? Pourquoi les coûts sont élevés ?
Les deux vont ensemble. Un peu de technique :
Tout d’abord, sachez que tout est naturel, pas de sucres ajoutés…
Pour faire un vin sucré, on laisse murir les raisins plus longtemps dans les vignes, de sorte que les raisins soient plus sucrés. Dans certains terroirs comme dans le Sauternais (vin de Sauternes), Coteaux du Layon et ici, à Bonnezeaux, une pourriture « noble » appelée « Botrytis » peut s’installer. C’est un champignon qui s’installe sur les grappes et les perce, ce qui laisse l’eau s’évaporer. Ne reste donc plus que le sucre. Ce phénomène est très rare car il faut un climat spécifique qui n’arrive qu’en septembre, dans quelques vallées et coteaux encaissés. Parfois, ce champignon n’arrive pas… et les vignerons ne peuvent pas produire des vins dits « moelleux ». De plus, les vendanges sont elles aussi techniques car, sur une grappe, l’on peut trouver des grains pourris avec du champignon « botrytis » et non pourris. Vient donc un travail de vendange minutieuse et donc couteux.
La deuxième méthode dite « passerillage » n’a pas besoin de ce champignon. Seul un séchage sur de la paille (ou pas) permet de faire évaporer l’eau. Cette méthode est d’ailleurs plus souvent utilisée sur le terroir Bonnezeaux.
Grâce à l’acidité et aux sucres, les vins de Bonnezeaux vieillissent très bien. J’ai eu la chance de goûter des millésimes hors du commun :
Comme vous pouvez le lire, pas de sucre(s) ajouté(s), seulement du sucre résiduel et donc naturel : Le sucre du raisin !
Alors, avec quoi boire un Bonnezeaux ?
Avec sa robe dorée, ses arômes de fruits à noyau confits, de marmelade d’orange et de fruits exotiques, je vous conseille de le boire avec un fromage type Rochefort ou Fourme d’Ambert. L’association sucrée-salée est parfaite. Aussi, ces vins iront parfaitement sur un dessert comme un pancake ou une tarte tatin.
Voici ma sélection :
Benoit Rocher – La Montagne 2016. Issu d’une agriculture biologique, ce vin sera frais et moins exubérant que ses compères non bio.
Domaine les Grandes vignes – Le Malabé 2015. Vin biodynamique, plus complexe, plus épicé et avec seulement 4 milligrammes par litre de sulfites. Vous pourrez trouver d’autres cuvées du domaine dans les magasins Biocoop.
Bonnezeaux est une AOC qui mérite d’être davantage mise en avant et comme quoi, il n’y a pas que le Sauternes et le Jurançon à boire en vin liquoreux et moelleux.
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