Après avoir goûté aux embruns marins des Fiefs Vendéens, plongeons au cœur des terres viticoles de l’Hexagone. Précisément dans le département du Puy de Dôme, ou ce sont les volcans et leur héritage qui façonnent un paysage époustouflant. Bienvenue dans une appellation en proie à de belles évolutions, la jeune AOC Côtes d’Auvergne, accordée par l’INAO depuis 2010.
Zoom sur l’appellation Côtes d’Auvergne
Si on y cultive la vigne depuis le Vème siècle après J.C, au moins, ce n’est que depuis l’après-guerre que le vignoble se reconstitue, petit à petit. Avant le phylloxéra et les conflits mondiaux, on ne comptait pas moins de 45 000 hectares de vignes pour abreuver la région et le pays du vin. Aujourd’hui il ne reste plus que 330 hectares de vignes, uniquement à destination des cuves.
Le cépage roi est le Gamay. Il constitue 70% de l’encépagement. Il est à sa place sur les granits et basaltes nés de la riche activité volcanique d’une autre époque. C’est une variété à part entière, différente de celle du Beaujolais et de ses cousins de la vallée de la Loire. Il a été obtenu par les nombreuses sélections massales opérées par les vignerons auvergnats.
Le Pinot Noir vient compléter l’assemblage classique pour les vins rouges, avec 20% des surfaces plantées. On peut aussi trouver de la Petite Syrah, cépage autochtone productif, proche de la Sérine des côtes du Rhône Nord. Pour faire du vin blanc en Côtes d’Auvergne, c’est le Chardonnay qui est privilégié, avec 10% des vignes. Enfin, le Viognier, le Sauvignon blanc, le Chenin ou encore l’Aligoté sont trouvables en petite quantité mais notable qualité.
Découvrir le site de l’appellation Côtes d’Auvergne en cliquant ICI.
Les Côtes d’Auvergne et son climat permis par les volcans
Le vignoble, comme l’AOC Saint-Emilion ou Côtes Rôties, est placé sur le 45ème parallèle. Entouré de chaînes de montagnes et de volcans, il profite d’une sublime situation qui bénéficie d’un effet de Foehn important.
Le point météo : l’Effet de Foehn
Ce phénomène climatique explique en grande partie la spécificité du climat sec et semi-continental du Puy de Dôme. L’air chargé en humidité en provenance de l’ouest et de l’océan Atlantique est stoppé en altitude par les montagnes, impliquant de nombreuses précipitations sur le versant ouest opposé. L’humidité est donc déversée sur le versant confronté, la masse d’air se réchauffe et se retrouve dépourvue d’eau un fois passée la chaîne (voir illustration de l’AOC). Ainsi le vignoble d’Auvergne bénéficie d’un climat semi-continental avec de faibles précipitations (600 mm par an). Une situation idéale pour cultiver la vigne et maîtriser la maturité du Gamay adaptée à la région.
Les terroirs volcaniques
Dans la majorité des situations, les vignes sont encore plantées en coteaux, sur les altitudes des volcans et leurs pentes, soit entre 350 et 550 mètres.
5 terroirs sont reconnus, avec des caractéristiques géologiques propres :
- Des granits sur Chanturgue
- Des basaltes sur Châteaugay
- Des marnes blanches sur Madargue
- Des colluvions volcaniques sur Corent, un cru 100% rosé
- Des calcaires et des basaltes sur Boudes
Une diversité de sols qui conserve comme point commun leurs origines volcaniques.
Quelle agriculture pour aujourd’hui et pour demain ?
Deux mondes cohabitent au sein du vignoble auvergnat. Les caves coopératives qui rassemblent 100 viticulteurs et les vignerons indépendants, dont on dénombre 50 caves. Si tous s’accordent aujourd’hui pour privilégier la qualité, et non la quantité, pour aller vers un marché à la fois local et national en demande d’un soin particulier à ce qu’il consomme, cela n’a pas toujours été le cas. Des vignerons indépendants de la région ont travaillé ensemble pour exprimer du mieux possible leurs terroirs, et diffuser leur travail en France et même au-delà. Une part croissante est certifiée bio.
Comme dans beaucoup d’autres vignobles connus ou non, la nouvelle génération de vigneron.es est très encline à adopter l’agriculture biologique, voire biodynamique.
Les Côtes d’Auvergne et ses vignerons engagés
C’est le cas d’Yvan Bernard, pionnier du retour au bio au sein de l’AOC. Pendant ces 5 années à la présidence de l’AOC, il s’engage pour une reconnaissance et une promotion du travail des vignerons de la région. Aller vers le bio est apparu comme une évidence pour ce vigneron en quête d’ authenticité.
“Un jour, je me suis rendu compte que je ne buvais que des vins bio et biodynamiques. Il était donc logique d’y venir.”
Aujourd’hui avec son associée, ils cultivent une douzaine d’hectares. Le nom même du domaine est maintenant orienté vers la valorisation des terroirs régionaux : Les Chemins de l’Arkose. L’arkose étant une forme de grès que l’on trouve en quantité en Auvergne.
Une orientation que l’on retrouve chez d’autres vigneron.ne.s, comme au domaine des Trouillières. En plus de partager des convictions, Yvan Bernard et Mikaël Hyvert partagent un dynamiseur. Vous l’aurez compris, ils sont les pionniers, en Auvergne, d’une agriculture qui a le vent en poupe : la biodynamie.
Un chemin à suivre également avec l’engagement dans le collectif « Loire Volcanique« . Une association de vigneron.nes sur les Côtes d’Auvergne, mais aussi sur les AOC Côtes du Forez, Côtes Roannaises et Saint-Pourçain, qui souhaitent valoriser leur travail et terroirs.
Retour de dégustation
Direction le nord de l’AOC Côtes d’Auvergne à la rencontre d’un tout jeune domaine représentatif du dynamisme de la région. Le domaine des Ussels réalise son premier millésime en 2018. Alexandre et Amélie se sont fraîchement installés, après avoir été sommeliers pour les belles tables de la région.
Leurs Gamay sont aussi fougueux que l’on pouvait l’imaginer. Gourmande, aux accents ferreux et épicés, la cuvée Attendre l’Hiver est un beau canon prometteur.
Un domaine en polyculture à suivre…
AOPC précédente : les Fiefs Vendéens, disponible en cliquant ICI.
Rédacteur : Valentin Méry
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