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Jurançon : un vignoble qui se réveille en douceur 

Par Marion Chateau | 9 mars 2023 | AOPC | 0 commentaire

Si l’introduction de la vigne dans le Jurançon remonterait à l’Antiquité, c’est le baptême d’Henri IV, au 16ème siècle, qui marque le Jurançon dans l’Histoire. La légende veut qu’à sa naissance son grand-père lui fît boire quelques gouttes du vin de Jurançon pour lui promettre un grand avenir… L’AOC Jurançon a ensuite été créée en 1936 et ne concernait, au début, que les vins moelleux. L’AOC Jurançon Sec arrive beaucoup plus tard, en 1975. Et l’AOC Vendanges Tardives en 1994. Vignoble assez discret et historiquement apparenté aux vins sucrés, les nouvelles générations de vigneronnes et vignerons proposent maintenant une palette de vins beaucoup plus diversifiés et commencent à faire parler d’eux. 

Un terroir prometteur…

Direction le Sud-Ouest, et plus précisément dans la région du Béarn. Ici, l’AOC Jurançon s’étend sur une quarantaine de kilomètres d’est en ouest, en dessous de Pau. Le vignoble, composé d’environ 1300 ha à flanc de coteaux, fait face à la chaîne des Pyrénées à environ 300 m d’altitude. 

On peut distinguer trois terroirs du Jurançon. Proche de Pau, on retrouve la Chapelle de la Rousse, aux vins à l’acidité marquée. A l’ouest, on peut déguster les vins de Monein qui ont plus de corps. Et, au sud, les vins de Lasseube, qui sont plus sur le fruit. La montagne a un rôle clef dans la typicité de ces terroirs. Au nord les sols terriens composés de poudingues : galets et graviers siliceux, issus de la formation des Pyrénées et au sud, le sous-sol issu des sédimentations marines déposées avant et pendant la formation des Pyrénées, vont influencer le profil des vins. 

Autre particularité liée au climat, malgré de belles arrière-saisons, il existe d’importantes gelées de printemps. Pour protéger les bourgeons,les vignes sont donc palissées en hautain. 

Les vins du Jurançon sont traditionnellement associés à la production de vins moelleux. Cela, grâce à un été indien accompagné d’un vent chaud du sud qui passerille les grappes, le foehn qui provient de la décompression des nuages qui se condensent en haut des Pyrénées, et à ses terroirs pentus qui drainent les pluies. De plus, la maturité tardive de ces cépages majoritaires, les petit et gros mansengs, les rendent parfaitement adaptés pour produire ce type de vin. Ces cépages sont également très aromatiques, ont des baies à peaux épaisses et peuvent avoir des niveaux élevés de sucre et d’acidité. Ces trois facteurs rendent ces raisins très adaptés à rester longtemps sur la vigne, concentrant ainsi les sucres dans les baies tout en conservant l’acidité. Les peaux épaisses de ces cépages offrent une protection contre la pourriture.

Les cépages autorisés de l’appellation sont le gros manseng (70%), le petit manseng (25%) et d’autres cépages autochtones tels que le courbu, le camaralet et le lauzet (qui ne représentent que 5% de la production).

Entre ses terroirs, son climat et ces cépages, le Jurançon a tout pour donner de grands vins blancs ! 

…conduit par des acteurs très divers

Dans le Jurançon, on recense une majorité de petites exploitations familiales qui sont représentées par trois groupes d’acteurs : la cave coopérative de Gan créée en 1949, qui représente 50% de la production et qui est l’acteur historique de la région; l’association « Les Vins du Jurançon » qui dynamise le modèle en représentant des vignerons indépendants (45% de la production) et la Confrérie du Jurançon installée à Monein depuis les années 2000 (5% de la production représentée par la filiale de Castel, le puissant groupe de négoce bordelais).

Les frères Manseng, les cépages stars du Jurançon ! 

Les gros et petit mansengs sont des cépages typiquement pyrénéens et plus précisément de la région de Pau. La signification du nom manseng viendrait de l’occitan « mansenc », lui-même dérivé du latin « mansus » qui se rapporte aux maisons importantes de type manoir, et sous-entend la noblesse du cépage. On les trouve également dans les appellations Béarn, Floc, Irouléguy, Pacherenc du Vic-Bilh, Saint-Mont et Tursan.

Même si leurs noms les rapprochent, ils restent très différents ! 

Le petit manseng, la grande star 

Ce cépage est vigoureux mais produit peu. Il aurait un parent commun avec le Savagnin. C’est LE cépage roi du moelleux. Avec ces petites baies, sa peau épaisse et sa maturité tardive, il est taillé pour le passerillage sur souche. Il donne des vins liquoreux très aromatiques, d’une grande finesse avec une belle acidité. Il est également très résistant au botrytis

Côté arômes, on le reconnaîtra grâce à ses notes d’agrumes, d’ananas, de fruit de la passion, de fruits confits, de miel, de notes épicées et quelques notes florales.

Le gros manseng, le frère de l’ombre

Également très vigoureux, il est quant à lui très fertile. Cela sous-entend qu’il faut une maîtrise rigoureuse des rendements pour optimiser son potentiel aromatique. Il n’est pas réputé pour avoir la finesse du petit manseng, on l’utilise souvent pour faire des vins secs ou en assemblage avec le petit manseng et le courbu pour produire des vins moelleux. Cela dit, il possède également une acidité importante pour équilibrer sa puissance et sa générosité !

Côtés arômes, il se démarque avec des notes de coing et d’abricot, d’épices, et des touches florales.

En résumé, le gros manseng apporte du volume, du corps, alors que le petit manseng apporte finesse et fraîcheur. 

L’écrivaine Colette a défini le vin du Jurançon comme  « un prince enflammé, impérieux, traître comme tous les grands séducteurs« . Avec l’équipe de Ni Bu Ni Connu, on a voulu vérifier ça en dégustant quelques cuvées que des vignerons nous ont envoyées et que nous avons dénichées de notre côté.

Et du coup, ça goûte quoi en solo, en duo ? 

Domaine Clos Larrouyat 

Maxime et Lucie Salharang cultivent 3 hectares de vignes, plantées en 2011, en biodynamie.

Cuvée Météore – 2021 avec 60% gros manseng et 40% petit manseng : vin blanc sec, c’est le vin coup de coeur de la dégustation ! Il a une belle longueur et une légère amertume qui le rend très agréable ! 

Domaine de Souch

La famille Hégoburu fait du Jurançon depuis 1987. Agriculture biologique, et adeptes de la biodynamie depuis 1994.

Cuvée Marie-Kattalyn 2018 : 100% petit manseng passerillés et 10 mois en barriques. Une belle acidité vient équilibrer le sucre du vin moelleux. Des notes de fruits à coque et de miel intéressantes pour terminer un repas. 

Domaine Haugarot

Jean-Pierre Proharam, a repris les vignes de ses parents en 2004 et mène le vignoble en agriculture biologique et en biodynamie.

Cuvée Jurançon Sec 2021

Belle tension aromatique, salinité en fin de bouche avec presque un côté iodé. Ce vin a une belle finesse. 

Domaine Labranche Laffont

Domaine situé à Pacherenc du Vic-Bilh Sec, on a voulu goûter ce que les cépages gros et petit manseng donnaient dans une autre AOC. 

Cuvée Sec – 2021 avec 70 % gros manseng et 30 % petit manseng : Nez très floral, en bouche le vin est comme un bonbon acidulé qui vient nous rafraîchir le palais avec des notes de fruits exotiques. Un peu trop riche sur ce millésime. 

Et on vous garde une pépite à suivre de très près : 

Arthur Fèvre 

Premier millésime qu’on peut déguster de ce vigneron qui a fait ses armes au Domaine de L’Astré, en Dordogne. Pour l’instant, ce sont des cuvées réalisées avec l’achat de raisins dans des domaines en agriculture biologique ou en biodynamie en Dordogne. Mais ses cuvées 2022 seront élaborées avec des raisins du Jurançon. Affaire à suivre…

Cuvée Orage, 100% Sauvignon avec une légère macération qui lui donne une belle amertume ! Les notes d’agrumes rafraîchissent le palais, on espère avoir autant de fraîcheur et de complexité sur ses prochaines cuvées Jurançonnaises !

Ça bouge dans le vignoble ! Tout en restant attachée à ses traditions (car quand on fait bien les choses, pourquoi les changer ?), la nouvelle vague de vigneron.es se montre audacieuse en développant sa gamme de cuvées en vins secs qui sortent de l’ordinaire. Sans nul doute, on entendra de plus en plus parler des cépages Manseng, gros comme petit ! 

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