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La consigne / Nibuniconnu.fr

À quand la consigne ?

Par Valentin Mery | 14 mars 2023 | Reportages | 0 commentaire

La nécessité de faire évoluer nos pratiques pour limiter notre impact sur l’environnement est plus que jamais au cœur des préoccupations. Quel que soit le niveau de prise de conscience, rares sont ceux qui se soucient peu ou aucunement des effets de leurs actes sur leur milieu. Ainsi, tous les domaines d’activité sont remis en question et la filière vin ne fait pas exception. De nos jours, son impact carbone global est de mieux en mieux délimité. D’après les études menées, c’est la bouteille de verre qui  se taille la part du lion dans l’empreinte carbone, autrement dit, c’est elle qui pollue le plus. Le problème étant défini, quelles solutions s’offrent à nous pour réduire de manière vertueuse le poids de la bouteille ? Si la réponse est en partie dans la question, nous verrons comment la filière se positionne et comment elle pourrait évoluer grâce à la consigne. 

Avant de continuer, je précise que mon attention s’est portée sur les bouteilles de vin, tout en admettant que les idées et faits qui suivent peuvent s’envisager pour tous les contenants en verre.

Les problèmes avec le verre

Comme toute chose, le contenant préféré des vignerons et des consommateurs a des avantages et des inconvénients. La bouteille en verre représente entre 17% et 27% de l’impact environnemental d’un domaine viticole1. On peut dire que cela vaut le coût de s’y intéresser si l’on souhaite comprendre et réduire cette empreinte.

Pour commencer, le verre s’obtient communément aujourd’hui en portant de la silice, de la soude et du calcin (verre cassé) à environ 1500°. Cette haute température est atteinte dans des fours dédiés à cet usage. Arrivé au point de fusion, le mélange est refroidi rapidement. C’est ainsi que l’on obtient le verre. Il est prêt à être fondu à nouveau pour prendre la forme de bouteille. 

Bouteilles en verre sorties d’un four verrier chez Verallia, fournisseur important des domaines viticoles / La Consigne
Bouteilles en verre sorties d’un four verrier chez Verallia, fournisseur important des domaines viticoles

Avec ce procédé, il n’est pas possible de recycler à 100% une bouteille en une nouvelle. L’ajout de nouvelles matières premières est toujours nécessaire. La moyenne de calcin incorporé pour la production de contenant en verre en France est de 60% entre 2010 et 2019 selon la fondation des industries du verre (FEDEVERRE). De plus, il faut trier convenablement les verres par couleur avant de les réintégrer dans le cycle de production. Par exemple, la teinte marron est obtenue par l’ajout d’oxyde de fer. Ainsi, une bouteille brisée de cette couleur ne pourrait être mélangée et refondue seulement pour donner naissance à une bouteille de couleur identique. Cette même refonte occasionne une nouvelle dépense d’énergie pour faire monter le verre en température. 

S’il est plus intéressant de recycler le verre plutôt que de l’enfouir, l’énergie et le tri nécessaires à sa mise en place rendent le recyclage relativement peu vertueux par rapport à l’approche du réemploi. 

La consigne, des solutions

Voyons pourquoi la consigne fait partie des recommandations de l’Institut Français de la Vigne et du vin 2 pour réduire l’empreinte carbone du conditionnement de nos vins préférés, et les autres…

Le principe de la consigne est simple : une bouteille en verre usagée est récupérée pour être reconditionnée afin d’être réemployée. Il s’agit donc de nettoyer ce contenant dont la matière est assez inerte pour subir un lavage sans se détériorer. 

Schéma comparatif simplifié du recyclage et de la consigne (ADEME) / La Consigne
Schéma comparatif simplifié du recyclage et de la consigne (ADEME)

Ainsi la refonte des bouteilles n’est plus nécessaire, permettant d’économiser l’usage des four, l’extraction de ressources et la logistique nécessaire au recyclage.

Dans des conditions optimales, soit une vingtaine d’utilisations d’un emballage, un nettoyage avec une laveuse qui recycle de l’eau de rinçage et le transport des emballages vides sur des distances de moins de 100 km, les économies sont substantielles :

Même pour des distances plus importantes, la consigne reste plus intéressante pour préserver les ressources.

Comparativement à d’autres emballages à usage unique, la bouteille en verre réemployée est plus avantageuse du point de vue écologique selon cette méta-étude : “85% d’émissions de gaz à effet de serre de moins que le verre à usage unique, 75% de moins que les bouteilles en PET et 57% de moins que les canettes aluminium”.

Enfin, la consigne permet d’éviter les déchets sauvages en donnant une valeur à l’emballage. Elle promeut également une consommation locale grâce aux circuits courts que sa mise en place induit.

L’état des lieux de la consigne en France

Des dispositifs sont déjà en place

En 2017, déjà 227 000 tonnes de bouteilles étaient réemployées par les cafés, hôtels, restaurants, soit environ 40% de réemploi de ces emballages pour la filière. Depuis quelques années, des réseaux de fournisseurs proposant des solutions de réemploi des bouteilles en verre se mettent en place. Un début de consolidation est même lancé avec des entreprises qui mutualisent leur centre de lavage pour monter en puissance.

Carte des opérateurs du réemploi en France établie par @RéseauConsigne / La Consigne
Carte des opérateurs du réemploi en France établie par @RéseauConsigne

Le maillage du territoire se fait de plus en plus dense comme nous pouvons l’observer sur cette carte qui donne un aperçu de la situation de la filière en juillet 2022. 

Des contraintes sont encore à surmonter

Le manque de standardisation des contenants en verre rend difficile le reconditionnement à grande échelle. Actuellement, une ligne de lavage doit s’adapter à des formats très différents de bouteilles. Les bouteilles allégées sont parfois trop fragiles pour passer par ces canaux de réutilisation. 

Aussi la logistique permettant la récupération, le nettoyage et la redistribution des bouteilles consignées est en cours de développement en France. Il faudra du temps avant que les infrastructures nécessaires couvrent efficacement l’ensemble du territoire.

La consigne du verre mise en avant par le réseau Alsace Consigne / La Consigne
La consigne du verre mise en avant par le réseau Alsace Consigne

Après avoir exposé ces éléments, rappelons les avantages du recyclage : il permet de réutiliser en majorité le verre détruit ou rendu inutilisable lors de son cycle de vie. On peut dès lors imaginer un système hybride ou le réemploi et le recyclage se complètent. A noté que le taux de recyclage du verre est actuellement plutôt satisfaisant en France (autour de 85% pour tous les emballages en verre en 2017).

Enfin des habitudes perdues sont à remettre en place chez les usagers. Même si, selon une étude l’IFOP réalisée en novembre 2019 pour WWF : “88% des Français souhaitent un retour à la consigne pour réemploi sur les bouteilles en verre”. Ce point est même un élément de plus en plus déterminant dans le choix des consommateurs pour leurs achats. 

Le futur de la consigne

L’Etat a commencé à s’emparer du sujet pour enclencher une dynamique vertueuse. La loi anti-gaspillage pour une économie circulaire de 2020 fixe des objectifs nationaux de réemploi des emballages : 5% en 2023 et 10% en 2027. Un objectif louable même si l’on peut encore le qualifier de timoré. Des aides peuvent être octroyées au niveau régional auquel incombe la compétence de la gestion des déchets. L’ADEME propose également des aides et accompagnements.

Avec la flambée récente du coût du verre, développer le réemploi apparaît comme une opportunité pour amortir le prix de nouvelles bouteilles. 

Pour la filière vin, le réemploi est une opportunité pour réduire son impact environnemental. C’est aussi l’occasion de s’inscrire dans une démarche vertueuse et durable. Le contenant préféré des consommateurs et des vignerons a encore de beaux jours devant lui. La bouteille en verre associe les capacités de garde prolongée tout en étant réutilisable. Que la consommation soit rapide ou non, la bouteille conserve alors une durée de vie plus intéressante que tous les autres contenants. Certaines bouteilles sur le marché sont déjà compatibles avec un reconditionnement. Ainsi, des ressources sont déjà en place pour que la consigne se développe.

Pictogrammes indiquant les emballages adaptés au réemploi / La Consigne
Pictogrammes indiquant les emballages adaptés au réemploi

fait partie des entreprises engagées dans une démarche vertueuse. Nous avions pu le voir dans cet article Ni bu ni connu. D’autres entreprises du monde du vin, de la bière et des fruits se sont lancés : carte interactive, ici, ou .

On peut en conclure que la consigne tendra à se développer dans les années à venir. 

Comment passer à l’action

Différents réseaux sont déjà en place dans l’hexagone. Le Réseau Consigne propose des outils et des contacts pour franchir le pas. Prendre connaissance des enjeux et des méthodes adaptées à son activité est la clé d’une adoption réussie du réemploi.

Ressources pour aller plus loin

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