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Philippe Viet, un parisien converti au « terroirisme »

Par Willy Kiezer | 6 mars 2020 | Portraits | 0 commentaire

Bien que situé sur la route du soleil, le Beaujolais offre des hivers pouvant parfois être rigoureux. Mes mains, mes oreilles et le bout de mon nez se souviennent encore de mon passage dans le grand nord Lyonnais, à Villié-Morgon, capitale des vins au naturel (Chauvet, Lapierre). Et même si le climat local a tendance à se réchauffer d’année en année, avec certes, des étés de plus en plus chauds, l’hiver nous rappelle toujours la rudesse du bon vieux climat continental. Nous sommes début décembre, lorsque je rencontre Philippe Viet, un néo-vigneron qui s’est installé ici, dans le Beaujolais. L’homme, ex parisien, a tout plaqué et cultive aujourd’hui des vignes dans les belles appellations de Régnié et de Fleurie, des crus du Beaujolais. Il faut préciser que Philippe n’est pas un « bobo » qui a tout lâché sur un coup de tête. Ce passionné devenu viticulteur, était auparavant un gars qui aimait déguster du bon vin ici et là dans Paris, et d’ailleurs à “Ici-même”, sans mauvais jeu de mots. 2020 est l’année de son premier vin, son premier millésime. A peine lancé dans l’aventure, Philippe a entamé une conversion vers l’agriculture biologique et vers des vins les plus « propres » possibles. Rencontre avec cet ancien parisien, parti de la capitale pour notre bien.

Une histoire, un vécu.

Si j’étais un biographe, j’aurais pu écrire un livre sur Philippe. Il fait partie de ces personnes au destin particulier, original : de celles qui partent en reconversion vers le métier de vigneron. Avant d’avoir les mains dans la terre, Philippe les a longtemps eues sur un clavier appartenant à une multinationale, pour laquelle il a longtemps travaillé. Il faisait partie des 400 000 collaborateurs d’un géant cabinet de consulting et avait une brillante carrière. Mais le conseil est une activité usante, et Philippe a donné, beaucoup trop donné. En 2013, le consultant tombe malade, les médecins lui diagnostiquent une sale maladie qui l’éloigne des des bureaux. 18 mois et quelques “chimios” plus tard, notre consultant est de retour au travail mais l’envie n’est plus là. La maladie fut une épreuve mais le retour dans sa société en était une nouvelle.

J’étais très en décalage quand je suis revenu. J’avais besoin de chercher quelque chose qui me plaisait, qui me procure du bonheur.” Puis Madame nature, et la vigne, sont venues toutes seules à lui. “C’était comme une évidence”.

Le terroir de Philippe Viet, une journée de Novembre

La transition.

C’est en 2015 que Philippe Viet a entamé sa conversion : plusieurs formations ici et là chez des vignerons pour apprendre la vigne et la vinification, comprendre les différentes techniques et méthodes dans les vignobles de France et même à l’étranger. Philippe est parti apprendre sur les terres d’Australie, loin du vieux continent. Là, il a vraiment compris qu’il était fait pour ça !

Quelques allers-retours plus tard, puis deux vendanges au domaine Bernard Baudry, à Chinon, et le voilà avec un BPREA en poche, tout droit sorti de Beaune. Mais c’est surtout dans le Beaujolais chez Eric Janin, entre 2015 et 2018, que Philippe a pu s’épanouir. Là, il a travaillé pleinement au domaine : tailles, travaux de vignes, vendanges et vinifications. C’est Eric qui l’a accompagné dans ses premières actions. Philippe a même sorti une très bonne cuvée test, un “one shot” comme il le dit. Un Chénas 2017 avec les vignes de son mentor.

Au total, ce ne sont pas moins de 8 expériences chez des vignerons en hémisphères sud et nord qu’a effectué Philippe avant de choisir définitivement une implantation proche de Morgon.

Les pieds et les mains dans le terroir.

Les vignes avant la taille d’hiver – Domaine Philippe Viet

Philippe vit maintenant dans la commune de Villié-Morgon, réputée pour être le berceau du vin naturel. Marcel Lapierre, Jean Paul Thévenet et Georges Descombes travaillent les terroirs autour de chez lui. D’autres générations de grands vignerons ont suivi, et sur ce point, Philippe est certain qu’il est au bon endroit. Le domaine Philippe Viet cultive pratiquement 4 hectares de vignes. “Ça suffit pour bien vivre, je veux faire du bon vin, de qualité”. Quand d’autres vignerons ont du mal à joindre les deux bouts avec 20, 30 ou 40 hectares, lui se focalise sur la qualité avec une poignée d’hectares, d’ores et déjà en conversion vers l’agriculture biologique.

Le néo-vigneron m’a emmené visiter deux parcelles de ses vignes sur les terroirs de Fleurie puis de Régnié. La brume en abondance rendait le paysage mystérieux et la neige tombée quelques jours auparavant nous rappelait la proximité avec le massif central. Le spectacle était fabuleux même si le froid me donnait de plus en plus envie d’aller goûter les vins encore en élevage…

Quelques embûches et les premières réussites.

La vie n’est pas rose tous les jours. Philippe le sait, il a déjà roulé sa bosse. Bien qu’il soit devenu fort mentalement, cela lui arrive d’être confronté à des difficultés, pas toujours évidentes à gérer : parce qu’il est encore en apprentissage (ce n’est encore qu’un padawan vigneron) et parce que le temps et le climat sont toujours aléatoires selon les années. “Je suis très long pour la taille, quand certains mettent deux, trois jours pour un demi-hectare, moi je peux en mettre 10. Ce sont de petites tâches, mais chronophages, ces quelques missions me prennent du temps par rapport à d’autres vignerons qui ont du métier.”

Philippe est vraiment très heureux de son premier millésime. De jolis jus et une très belle qualité : “c’est un millésime qui va se tenir, c’est bien d’avoir ça comme point de départ”. 

La patience est une qualité que notre vigneron possède et il ne souhaite pas grandir vite mais plutôt raisonnablement. Plus tard, il veut ne pas dépasser les 6 hectares pour toujours rester dans le “fait main”.

Philippe, dégustant son vin brut de cuve !

Vins, vignes et les futures cuvées.

En 2020, sur sa récolte de 2019, notre jeune vigneron sortira donc ses premières cuvées,  un Beaujolais village et deux Régnié. Il pense atteindre une production maximale d’environ 9600 bouteilles et prévoit d’en vendre 3500 à l’international.

Ce n’est qu’en fin d’après-midi, lorsque le soleil commence à descendre et laisse place au froid de la nuit, que nous sommes rentrés au chai, intégré à la demeure de Philippe. La maison a un passif, une histoire avec le vin. De grandes cuves en béton sont présentes, elles ont déjà quelques dizaines d’années d’existence. Elles recevront les raisins après la vendange. Ensuite, en arrière-salle, on trouve le lieu où repose les jus qui seront bientôt en bouteille. Enfin, la dégustation, brut de cuve.

Philippe me passe un verre qu’il vient tout juste de remplir, c’est un Beaujolais village. Friand, tendu mais avec déjà de la matière bien travaillée. Classe pour un « Bojo » village. Vient ensuite le premier Régnié, les noms des cuvées ne sont pas encore actés. Plus de structure que son Beaujolais village, un fruit lui aussi plus intense. Je n’ai pas recraché, je n’ai pas pu.

Vient enfin le dernier, le Graal, son Régnié “haut de gamme”. Les raisins viennent des parcelles que nous avions visité il y a quelques heures. Le terroir était déjà beau, son essence est encore meilleure. Rares sont les instants où l’on peut boire ce que l’on vient de voir. Chose faite avec ce dernier verre. Fruits noirs intenses, cannelle, une belle longueur éblouie par une incroyable structure alors que l’enfant est encore dans le ventre. C’est un jus qui promet et qui pourra même vieillir quelques années, j’espère qu’un jour vous pourrez tous le goûter !

Auteur : Willy Kiezer – Interview au domaine Philippe Viet le samedi 7 Décembre


Taille du domaine et description des vignes :

Site internet du domaine Philippe Viet : cliquez ici

REGNIE :

2,10 hectares sont cultivés pour permettre de produire 2 cuvées : une moyenne et une haut de gamme, de garde.

L’élevage minimum est de 8 mois avant une mise en bouteille.

Prix particulier départ cave, en € TTC :

Cuvée milieu de gamme : 14-16 €

Cuvée haut de gamme “Haute Ronze Mosaïque” : 17-20 €

BEAUJOLAIS VILLAGE :

0,42 hectares en exploitation. La cuvée est élevée 8 mois en cuve inox.

Prix particulier départ cave : 10-12 €

FLEURIE (récolte 2020) :

0,60 hectares sur le terroir de Poncié.

La cuvée aura un élevage minimum de 8 mois avant la mise en bouteille.

BEAUJOLAIS (récolte 2020) :

1,13 ha sur la commune de Corcelle.

6 mois d’élevage.

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