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Portrait : Julien Peyras, l’enfant du pays

Par Willy Kiezer | 12 novembre 2022 | Portraits | 0 commentaire

A la fin des années 2000, en plein cœur de la vallée de l’Hérault, un garçon au fort accent du midi et au caractère bien trempé franchit le Rubicon pour créer son domaine. Auparavant employé communal dédié aux espaces verts, Julien Peyras tombe littéralement amoureux de la vigne et du vin. L’homme reprend alors quelques hectares, installe son chai dans le jardin de ses grands-parents et élabore du vin nature. A 44 ans, il est devenu un incontournable dans le monde des vins naturels du Languedoc et ses cuvées ont fait le tour du monde. Portrait de Julien Peyras, l’enfant du pays devenu vigneron.


En partenariat avec vinscheznous.com


Le lieu de travail de Julien Peyras

Implanté au sud des Terrasses du Larzac à Aspiran, Julien Peyras cultive 10 hectares dans ce petit bastion de vignerons nature de l’Hérault. Ses voisins, tous réputés pour leurs purs jus, s’appellent Grégory White ou Ribiera et partagent la même passion du vin. D’ailleurs, c’est un certain Bernard Belhassen, du domaine Fontedicto situé non loin, qui lui donnera cette passion du vin, plus particulièrement celle du vin nature.

C’est en 2007 que Julien achète ses premières vignes, plantées sur des terrasses de marnes avoisinant les 100 mètres d’altitude. Au début producteur d’un vin de garage, il a, au fil des années, agrandi la surface pour gérer aujourd’hui un vignoble qui s’étale sur plusieurs îlots plantés de cépages languedociens. Clairette, roussane, grenache blanc, syrah, grenache, carignan et cinsault s’épanouissent sur des sols marneux, villafranchiens et basaltiques. Petit hic avec un chardonnay qui peine à produire sur du basalte, notre vigneron estimant que la chimie de synthèse utilisée pendant plusieurs décennies auparavant l’aurait trop épuisé.

Domaine à petit rendement mais à la grande qualité, Julien Peyras produit environ 20 000 bouteilles par an, toutes certifiées bio. Si aujourd’hui la production des rouges est supérieure à celle des blancs, il a pour projet de planter davantage de cépages blancs pour équilibrer sa production. Son îlot de parcelles est basaltique et très sauvage, il va donc complanter plusieurs cépages blancs pour bénéficier des caractéristiques de chacun et apporter de la complexité à ses vins blancs – pourquoi l’assembler en cuve alors que tu peux le faire à la parcelle ?”. Un projet intelligent qui limitera les interventions et la logistique au chai…

Son lieu de travail qu’est la vigne a malheureusement été le théâtre d’un incendie qui a brûlé quelques bosquets et parcelles de voisins en 2019. Une expérience traumatisante arrivée lors d’une tonte au rotofil qui au contact d’un bout de métal a créé une étincelle. “En seulement quelques minutes le feu avait parcouru des dizaines de mètres et faisait plusieurs mètres de hauteurs”. Un vrai choc mais le vigneron ne remerciera jamais assez l’efficacité des pompiers qui ont rapidement arrêté le feu d’origine agricole – “dès que j’ai raccroché j’avais l’impression qu’ils étaient déjà en train d’éteindre les flammes”.

Un homme engagé dans la protection de son terroir

Je ne touche pas ou peu le sol”, voilà la réponse apportée par Julien Peyras lorsqu’on l’interroge sur sa gestion de l’herbe et des sols. Un passage à l’intercep pour limiter des adventices pouvant être gênantes et datant de l’ère conventionnelle, on sent le vigneron engagé dans la protection du sol de ses vignes. “Avec les étés que l’on a et que l’on va avoir, c’est bien de leur mettre une casquette, en plus d’apporter de la matière organique et de l’azote”. Lors de notre visite et à cause de l’exceptionnelle arrière saison d’un millésime tout aussi exceptionnel, on voyait déjà apparaître les jeunes pousses de son engrais vert (blé, seigle, moutarde) fraîchement semé – “je le roulerai en toute fin de printemps pour que les légumineuses fassent leurs graines pour l’année d’après, ce qui m’évite de ressemer et donc de repasser au tracteur.” 

Et la biodynamie ?

L’enfant du pays embrasse la biodynamie sans toutefois certifier sa pratique. Il emprunte quelques préparations comme les infusions de plantes qu’il appelle engrais foliaires et se considère comme un biodynamiste laïque – “pour donner de la vigueur aux feuilles, je passe des engrais foliaires à base de purins d’ortie. J’ai également utilisé de la consoude, de la prêle et de la fougère et ça fonctionne très bien pour apporter de la vigueur aux plantes”. 

Julien Peyras aime, protège et préserve son terroir, lui qui a conscience que l’avenir sera difficile avec le dérèglement climatique – “on a reçu seulement 30 mm de pluie depuis la fin des vendanges” – et sans produits de synthèse – “il faut qu’on arrête ces produits dont nous connaissons pertinemment les dangers”. 

Un homme libre et indépendant

Je n’ai jamais aimé l’école” nous confiait-il lors de la dégustation de ses cuvées dans son jardin. Julien Peyras assume son passé, son caractère ainsi que ses faiblesses et ses vins ne sont que le reflet de sa personnalité – “Je suis libre et indépendant, mes vins ne portent pas d’appellation”. Sur un terroir pouvant relever de l’AOC Languedoc, il a fait le choix, et ce depuis le début, d’être en Vin de France. Une liberté qui se retrouve au chai dans ses vinifications où l’homme à l’accent prononcé assure n’avoir jamais utilisé un seul composé oenologique, sur toute la gamme et depuis la première bouteille – “J’ai appris comme ça ! Ça avait du sens, les vins nature goûtent mieux et je trouve que les vins levurés se ressemblent tous, ils ont la même trame. Je ne veux pas gommer l’effet millésime.” Julien Peyras fait des vins nature, pur jus comme il les aime, et rien d’autre.

Une philosophie poussée à l’extrême qui lui a bien évidemment déjà causé tort et ce à plusieurs reprises. Les millésimes 2009, 2010, 2011, 2016, 2019 et 2021 ont été difficiles à gérer avec des cuves aux fermentations très languissantes… “Ça patinait, ça vrillait et j’ai eu des cuves qui sont parties à la distillerie. Parfois tu te rattrapes avec les lies, les marcs mais parfois ça n’est pas possible…”. Le vinificateur de l’extrême nous a donné l’exemple de son millésime 2019 où tous les blancs sont partis à la distillerie. Un amour du pur jus qui l’a poussé à bannir depuis 3 ans les soutirages et autres remontages à la pompe, remplacés par l’unique force de la gravité.

Beaucoup diront que l’homme est têtu, voire idéaliste d’agir de la sorte, mais Julien Peyras est un artiste, un artiste vigneron qui fait son œuvre et ne demande à personne de le comprendre. Encore faut-il avoir dégusté ses vins !

Les vins nature de Julien Peyras

Suivant les volumes et les millésimes, la gamme de vins nature de Julien Peyras se décompose en deux pétillants naturels, blanc et rosé, un vin rosé, deux vins blancs de macération et quatre vins rouges.

2021 était une année à grand rendement où le vigneron a produit quelque 30 000 bouteilles. Plus concentré et plus structuré, 2022 est un retour à la [normale]. 80% de ses vins sont vendus à l’export et le reste est réparti au sein de ses différents cavistes et restaurateurs avec lesquels il travaille depuis de longues années.

Nature jusqu’au bout des mûrs mais pas “nature peinture”. Nous avons pu goûter l’ensemble de la gamme 2021 (sauf pétillants naturels) et nous rendre compte de la justesse et de la précision des cuvées. Le millésime n’est peut être pas le plus représentatif tant les jus sont frais et acidulés mais cette fraîcheur est la marque de fabrique du vigneron – “mes sols sont très acides et cela se retrouve dans mes vins”. 

Son encépagement laisse une grande place à la clairette et à la syrah, des cépages qu’il affectionne tout particulièrement. Chez lui, tout est une question d’équilibre, de la vigne au chai et c’est pourquoi il élabore des vins blancs de macération, à base de clairette, grenache et roussanne, pour prendre le meilleur des 3 cépages. La clairette, à la peau épaisse mais au jus frais et acidulé, est notamment parfaitement mise en valeur dans sa cuvée L’Ephémère Blanc 2021.

Coups de cœur Ni Bu Ni Connu sélectionnés sur Vins Chez Nous

Les Copains d’abord 2021 – grenache blanc, clairette et roussanne

Léger blanc de macération aux couleurs vives et attrayantes… Un millésime 2021 frais et revigorant taillé pour être un « Revenez-y » !

Prix : 15,90 €

Gourmandise 2021 – cinsault

Une gourmandise et puis c’est tout ! Un cinsault désaltérant qui montre que tout est possible dans le Languedoc. Et même si on l’avait déjà dit, « Revenez-y » !

Prix : 14,30 €

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