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Le vigneron naturel de Mont de Marie

Par Willy Kiezer | 30 août 2018 | Portraits | 2 commentaires

Nîmes, plein cœur de l’été. Le thermomètre frôle déjà les 30 degrés en plein soleil. J’embarque direction plein ouest pour Souvignargues, une petite ville “bastion” de vignerons et de vins au naturel, située à 20 kilomètres de la ville Romaine. Fenêtres grandes ouvertes, je respire le terroir et ses odeurs, celles typiques du coin. Garrigue, herbes sèches avec comme toile de fond, une vue imprenable sur les Cévennes. On peut se le dire, à ce moment précis, ce sont les vacances qui commencent. Ces quelques jours de liberté, loin de Paris, me permettent de programmer des visites chez des vignerons au naturel réputés pour la qualité de leurs vins. Des vignerons que l’on voit toujours sur les étales des cavistes spécialisés et qui offrent mondes et merveilles. Ce jour là, direction route de Sauve, à Souvignargues, chez Thierry Forestier, le vigneron au naturel du domaine Mont de Marie.

Thierry est né il y a 43 ans dans une famille de paysans proche de Nîmes, dans les Costières (célèbre plateau viticole en bordure de Nîmes et de la Camargue). Lorsqu’il était plus jeune et bien qu’il ne sache pas encore vraiment quel métier exercer, Thierry pensait déjà à faire quelque chose qui ait du sens. Travailler, juste pour vivre, n’est pas fait pour lui. Après une école de commerce ainsi qu’une courte expérience Montpelliéraine dans un grand groupe informatique, il décide de tout plaquer ; Il décide de travailler la terre, la vigne et crée son domaine viticole en 2004 : Mont de Marie.

Entre l’informatique et la vigne, c’est le grand écart. Deux mondes à part. N’oublions pas que ses parents étaient paysans et la nature, la simplicité l’ont toujours attiré. Il commence par acheter des vignes à une ancienne coopérative. Au démarrage, seulement 5 hectares sont repris et travaillés par Thierry.

Par amour de dame nature, il fait donc un pari : Partir de zéro, sans matériel, sans argent et sans client(s). Le vigneron aujourd’hui célèbre est passé par quelques moments très difficiles avant d’écouler les 20 000 bouteilles de vins au naturel produites à l’époque.

Aujourd’hui, il possède 12 hectares de vignes et produit environ 45 000 bouteilles par an. Depuis 2014, les difficultés rencontrées par le passé sont levées, et il arrive à écouler convenablement ses cuvées.

Anathème, Aramonix et Salve Ager sont les cuvées phares du domaine Mont de Marie. L’équilibre de ses vins est parfait. La buvabilité est si bonne, si douce, que l’on croirait boire du “petit lait”. Loin des cépages “cahier des charges” (Syrah, Grenache…), Thierry cultive et travaille aussi, avec soin, des cépages ancestraux comme le Cinsault et l’Aramon.

Ou se fournir → La cave des papilles, rue Daguerre, Paris.


Thierry Forestier.


Thierry s’est prêté au jeu des questions/réponses, en voici quelques-unes, pêle-mêle :

Qu’est-ce qu’un vin nature ?

Un vin nature est un vrai vin de terroir. Il est fait sans artifices, ni aucun intrants. Le vrai travail est dans la vigne et c’est là que le vigneron nature se transforme en messager.

Ici, le terroir de Souvignargues, c’est du grès sableux voire argileux avec des marnes spongieuses qui offrent des salins, minéraux et verticaux. Le terroir permet une belle verticalité (la verticalité c’est la belle trame du vin, bel équilibre). Comme mon vin est sans intrants, sans produits chimiques, il montre le véritable terroir. Je préfère un vin vivant qu’un vin nature. Dire qu’un vin est nature c’est se mettre dans une case plus « technique » qu’autre chose.

Et le sujet des sulfites ?

Les sulfites alourdissent le vin, le vin est moins digeste. Un vin sans intrants et avec très peu de sulfites offre de l’énergie, on ressent de l’émotion. Ensuite, les mauvaises années, cela peut m’arriver de mettre un peu de sulfites, sinon, zéro sulfite dans mes bouteilles.

Est-ce un produit pour les bobos ?

Bobo, ça ne veut plus rien dire. Un bobo est une personne sans engagement capitalistique, avec un bon salaire et il mange bio. Moi j’ai une société et je suis un paysan, je ne suis donc pas un bobo. Ce qu’il faut, c’est sortir du coté snob et technique du vin. On sort du cadre. Noter le vin est différent sur le vin vivant. Un bon vin, on le boit, on n’en parle pas.

Quelles sont les difficultés au quotidien ?

C’est au printemps que c’est toujours un peu « chaud » et stressant. C’est là où se joue la récolte. C’est fatiguant, difficile à cause du climat, des maladies. Je traite légèrement avec de la bouillie bordelaise. Il n’y a, malheureusement, que cela pour traiter les maladies. Mes vignes sont entourées de bois, de forets pour la biodiversité. Je laboure pour créer une meilleure vie des sols. Je n’ai pas de certification, je m’impose mes règles. Je préfère des cadres moraux, des cadres philosophiques. Je ne crois pas aux réglementaires.

C’est de la philosophie que tout doit découler. Cette année, c’est le mildiou qui fait mal mais l’année s’annonce toutefois bonne.

Les vins conventionnels, une arnaque pour le consommateur ?

Le vin devrait devenir alimentaire plus qu’être un marqueur social. Un vin bio c’est un marqueur social. Un Bordeaux à 300 euros c’est un marqueur social. C’est cela qui est problématique. Je souhaite revenir au simple caractère alimentaire. J’aime la simplicité du vin. Si l’homme veut faire un vin avec une idée précise, il s’éloigne du jus, de la simplicité.

Les objectifs du domaine à court et moyen terme ?

De vivre simplement. De faire un potager et vivre.


Résumé du domaine :

Nombre d’hectares : 12 hectares.

Type de culture : biodynamie à la vigne – naturel à la cave. 100% raisin. Zéro intrant.

Nombre de cuvées : 3 rouges – 1 blanc – 1 rosé.

Nombre de bouteilles : 45 000 bouteilles environ.

Terroir : Vin de France. Pas d’accord avec le CDC du Languedoc Sommières. La Syrah n’a rien à faire ici. Cépage Carignan, grenache, Cinsault, Aramon et œillade (cousin du Cinsault).

Cette rencontre très intime m’a permis de découvrir en profondeur la pensée et le quotidien d’un vigneron  au naturel. Thierry est un amoureux de la terre et c’est un véritable paysan. J’ai goûté toutes ses cuvées et la simplicité y était tellement présente, tellement belle. Partez à sa rencontre en Novembre, à Souvignargues. Thierry est un acteur du festival la Quille de Joie, un salon de vignerons au naturel.

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