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Le Clos Saint-Conti, au service du vin abordable

Par Willy Kiezer | 25 mai 2022 | Portraits | 0 commentaire

On entend souvent dire que les pratiques agroécologiques coûtent chères et qu’elles ont une répercussion sur le prix final du vin. Ce qui n’est pas faux, mais pas non plus totalement vrai : il y a toujours une exception. L’exemple du Clos Saint-Conti est intéressant et pour plusieurs raisons. Son vigneron, Frédéric Pringuet, aime le plaisir partagé autour de ses vins, abordables et issus d’une culture bio-dynamique dans un domaine qui frôle avec la polyculture. Mais l’homme n’est pas bête, il sait qu’à un moment ou un autre il devra faire des concessions, lâcher du lest, sinon l’affaire ne sera pas rentable. Avec une transparence absolue, découvrez comment fonctionne ce charmant domaine en territoire méconnu !

Retrouvez notre article introduisant l’agroécologie dans les vignes.

Lire l’introduction de notre série sur les domaines en transition agroécologique : https://nibuniconnu.fr/dans-les-vignes-direction-lagroecologie/

Un environnement et un homme formidables

Direction les collines de la Moure, à l’ouest de Montpellier. Les 15 hectares de vignes du Clos Saint-Conti sont majoritairement cultivés à Murviel-lès-Montpellier, dans un magnifique écrin de biodiversité où règnent forêts de chênes et de pins méditerranéens. Peu connu, le beau terroir de Murviel fait partie de la petite appellation Saint-Georges d’Orques, discrète dénomination du Languedoc. Toutes les parcelles du domaine sont entourées d’arbres, voire d’épaisses forêts, des conditions plus que favorables à une pratique biologique, notamment en apport de biodiversité. Murviel est d’ailleurs un bastion de vigneronnes et vignerons engagés dans une démarche respectueuse de l’environnement et parmi lesquels figurent les équipes des  domaines du Clos Isidor, Saumarez ou de la Marfée.

C’est donc dans ce cadre que Frédéric Pringuet rachète le domaine en 2003. L’homme est un hyperactif comme il en existe rarement et son rythme de vie en est la preuve. Il est d’abord un pharmacien engagé dans la recherche contre le cancer à Montpellier. Mais avant de rejoindre son laboratoire et d’enfiler sa blouse, c’est très tôt le matin qu’il endosse le costume de vigneron. Comment fait-il pour tout gérer ? Le pharmacien aurait pu embaucher un salarié viticole ou un alternant pour l’aider à tenir le caveau mais il a choisi un tout autre fonctionnement : externaliser les tâches chronophages qui demandent du temps (taille, ébourgeonnage, vendanges en vert) à une société de service.

Les vignes du Clos Saint-Conti, entre forêts et biodiversité
Les vignes du Clos Saint-Conti, entre forêts et biodiversité

Des labels, en veux tu en voilà !

La présence des labels HVE, AB et Demeter sur l’étiquette est la première chose que l’on remarque sur une bouteille du Clos Saint-Conti. Rares sont les domaines à cumuler ces trois logos mais Frédéric Pringuet veut prendre le meilleur de chaque mention pour toujours plus de transparence : “Je veux tous les labels car il y a des choses intéressantes à prendre chez chacun d’entre eux”. Le volet énergie renouvelable avec le HVE pour lequel le vigneron a par exemple installé des panneaux solaires. Puis vient la certification bio pour montrer qu’il n’utilise plus aucun pesticide ni engrais de synthèse ; enfin, la biodynamie pour le chai. Car en biodynamie avec Demeter, seule une dizaine d’intrants œnologiques (additifs et auxiliaires) est autorisée et le levurage, l’enzymage et autres procédés tels que la flash pasteurisation sont prohibés. Être certifié Demeter atteste donc d’une vinification peu interventionniste, ce qui est loin d’être une évidence dans un monde viticole où la transparence est le gros défaut du secteur !

Le vigneron a toutefois avoué qu’il juge toutefois le HVE (Haute Valeur Environnementale), moins vertueux pour l’environnement car bien plus facile à obtenir. “C’est moins contraignant et certains critères sont ridicules”. Il fait ici référence aux deux options que doit choisir un domaine agricole pour son programme de certification. La première option repose sur 4 critères d’engagement pour diminuer son impact (biodiversité, pesticides, fertilisants, irrigation), option retenue par le Clos Saint-Conti. La deuxième option, moins contraignante, prévoit seulement un critère où le poids des pesticides et des engrais achetés ne doit pas dépasser 30% du chiffre d’affaires d’un domaine, ce qui permet à d’importants domaines industriels d’être certifiés HVE tout en faisant la part belle à ces produits phytosanitaires !

La diversification des cultures

L’un des grands principes de l’agroécologie est d’aller vers la polyculture, de diversifier sa production. Comme énoncé dans l’article qui introduit notre série, l’idéal serait donc de “casser” les monocultures. Au Clos Saint-Conti, on est certes loin du maraîchage et de la culture de céréales en parallèle de l’activité viticole, mais le vigneron s’est lancé dans la production de miel en implantant des ruches. Il a aussi planté des oliviers pour la production d’huile d’olive ainsi que la plantation de chênes truffiers, une très bonne entrée en matière de diversification d’une production agricole tout en favorisant la biodiversité

Les ruches du Clos Saint-Conti
Les ruches du Clos Saint-Conti

Des vins abordables au service de tous

N’oublions pas l’importance du volet social et sociétal. Les vins bio sont généralement plus onéreux que les conventionnels et ceux en biodynamie encore davantage. Avec tout ce qu’il entreprend dans le domaine, il n’aurait pas été choquant de proposer des prix plus élevés, mais ce n’est pas le but. “Je veux du bon vin pour tous, il faut que le bio soit abordable”.  Comme annoncé en introduction, Frédéric Pringuet a dû rogner sur quelques dépenses pour ne pas vendre à perte. C’est donc sur certains coûts de production des tâches viticoles qu’il peut le faire. Loin d’être industrialisée, la vendange est néanmoins mécanique (sauf sur les raisins blancs), pour être plus rapide et plus flexible. L’annoncer, c’est faire preuve de transparence et la transparence fait partie des valeurs de l’agroécologie (cf La révolution agroécologique – Alain Olivier, ed Ecosociété). Au passage, la vendange mécanique est par ailleurs autorisée sur dérogation par Demeter (cf cahier des charges Demeter), quand le modèle économique ne permet pas de la faire à la main.

Vin rosé, vins blancs et vins rouges sont élaborés au domaine. Le rosé à est proposé à 8,90 € et offre une très belle fraîcheur et une aromatique intéressante. Les rouges vont du plus léger au plus charpenté mais toujours avec une trame fraîche très agréable. Notre coup de cœur va aux blancs que nous trouvons digestes, tendus et gourmands, ce qui est très appréciable dans le Languedoc.

Frédéric Pringuet, un homme au service des autres, même dans le vin. Il juge difficile l’installation des jeunes dans la vigne : “impossible pour un jeune aujourd’hui de s’installer, même sur des terroirs peu connus comme ici”. Le foncier est très élevé ; construire un chai et acheter des cuves le sont également. Et puis les aléas climatiques rendent les choses bien difficiles. Nous pensons que Frédéric serait un bien bon parrain pour un.e vigneron.ne qui souhaiterait se lancer…

Plus d’informations sur : https://www.clos-saint-conti.fr/

Rédacteur : Willy Kiezer

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