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Dans les vignes, direction l’agroécologie

Par Willy Kiezer | 11 mai 2022 | Reportages | 0 commentaire

A l’heure où les effets d’un climat qui s’emballe se font de plus en plus intenses et virulents, l’agriculture doit absolument entamer une transition. Et plus que d’arrêter l’utilisation de tels ou tels pesticides de synthèse, l’épandage d’engrais  azotés ou la pratique du grand labour, c’est bel et bien un changement radical de notre modèle agricole qui est à penser. C’est dans ce contexte qu’apparaît la solution de l’agroécologie dans les cultures où des mots comme polyculture, diversité et résilience entrent vraiment dans la danse. Bastien Pessey, rédacteur au sein de notre rédaction, avait déjà écrit un article sur des pratiques agroécologiques dans les vignes “Agroforesterie, polyculture et permaculture dans les vignobles : servir le vin au vert”. Mais qu’en est-il concrètement des pratiques dans les vignobles méridionaux où la sécheresse et l’impact carbone remettent en question la culture de la vigne ? Après ce deuxième article consacré à un nouvel éclairage de l’agroécologie, nous verrons quelques exemples de domaines qui ont d’ores et déjà pleinement mis un pied dans leur transition agroécologique.

Lumière sur l’agroécologie

L’agroécologie ou agriculture écologique est un mode de production agricole global et respectueux de l’environnement. Sa philosophie est de s’inspirer voire d’épouser au maximum les processus écologiques naturels et va également bien plus loin que la production en elle-même, en prenant en compte l’aspect local et social.

Pour se faire une idée de l’agroécologie, voici quelques grands principes de sa philosophie, en parallèle tous inscrits dans la nouvelle stratégie de la PAC Européenne :

  • Non utilisation des produits de synthèse (pesticides et engrais), ce qui implique à minima une certification bio ;
  • Diversifier sa production, intégrer les rotations de cultures ;
  • Protéger les sols et favoriser la biodiversité.

L’agroécologie prend souvent forme sous différents concepts tels que la permaculture ou l’agroforesterie, modes de culture déjà décrits dans le précédent article de notre cher  Bastien Pessey.

Photo affichant un sécateur représentant le travail manuel

Le travail manuel est aussi un volet de l’agroécologie

Lumière sur quelques problématiques

Les pratiques durables et respectueuses sont difficiles à “palper” pour la consommatrice et le consommateur et ce pour plusieurs raisons : le greenwashing et le manque de label(s) et certification(s).

Greenwashing…

Commençons par le greenwashing, très alimenté par le manque d’information sur les réelles bonnes pratiques dans les cultures et véhiculé par l’industrie du doute des lobbies de l’agrochimie. En plus de la bouteille et du transport, viennent les pollutions directement générées par la production. Parmi elles, celles émises par l’épandage de pesticides de synthèse (pollution des sols, réduction des populations d’insectes et d’oiseaux), d’engrais azotés (pollution au nitrate dans les cours d’eau, rejet de méthane et de protoxyde d’azote dans l’atmosphère) et enfin le CO2 engendré par les tracteurs pour les travaux du sol et les traitements, souvent plus nombreux pour certains domaines en bio. Ce qui en fait un exemple tout trouvé pour les lobbies : le combat entre le bio et le HVE sur un banal curseur CO2 vs pollution des eaux/sols, faisant parfois passer une certification AB comme dépassée… et sur ce point ce n’est pas tout à fait “faux”, ni tout à fait “vrai”. Un bio industriel n’est certes pas l’avenir de l’agriculture, mais comment oser comparer quelques kilogrammes de gaz à effet de serre (à cause des travaux mécaniques en bio) à côté des milliers de tonnes de produits toxiques qui ont détruit vies, sols, colonies d’oiseaux et d’insectes, abeilles, cours d’eau et santé humaine depuis quelques décennies ? C’est pourquoi de nombreux spécialistes sont clairs sur le sujet : l’agroécologie démarre lorsqu’un domaine est certifié à l’agriculture biologique (Lu dans les ouvrages de Marc-André Selosse, d’Alain Olivier, d’Alain Malard).

Pas de label, pourquoi donc ?

L’agroécologie est souvent résumé comme étant une pratique bio ++, une agriculture paysanne et c’est véritablement le cas. Mais alors, pourquoi n’y a t-il toujours pas une certification pour le reconnaître ? Polysémique, c’est pour cela que l’agroécologie est difficilement définissable, estime Alain Olivier, auteur et professeur en agroforesterie à la faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval. L’auteur de La révolution Agroécologique (Ed Ecosociété) a raison : la pratique est tellement complexe, immense et différente selon les territoires, qu’il est périlleux d’en donner une définition précise. Il y a autant de pratiques agroécologiques qu’il y a de terroirs et de cultivatrices et cultivateurs. Ce qui, comme le dit le chercheur, provoque un malaise dans l’univers de l’agriculture, notamment chez le consommateur et les institutions.

Et puis, l’idéal n’existe pas (encore) dans l’agriculture. Prenons la production de vin, les exemples ne manquent pas. Même le domaine le plus “écologique” qui soit exporte souvent des bouteilles à l’autre bout de la planète. Est-ce écologique ? La distribution locale et la consigne sont presque intégralement oubliées du débat… L’agroécologie parfaite n’existe donc pas, c’est pourquoi il faut parler de domaine constamment en transition agroécologique, sujet longuement abordé dans le premier ouvrage de notre rédaction : Mieux comprendre le (vin) bio.

Image affichant des moutons. L’agropastoralisme est une pratique agroécologique

L’agropastoralisme est une pratique agroécologique

L’agroécologie parfaite et ses bénéfices

Bien que l’idéal n’existe pas, inventons-le, pour  comprendre et nous inspirer. Imaginons un domaine viticole à l’impact très minimal sur son environnement. De la semence à la vente en passant par la production et le volet social/sociétal, découvrez l’agroécologie ultime, encore extrait de notre premier ouvrage Mieux comprendre le (vin) bio (disponible en librairie le 28 mai).

Une (im)plantation adaptée

L’implantation idéale repose sur la culture de cépages locaux et adaptés au terroir, en sélection massale, complantés et implantés en fonction du relief et de ses courbes de niveau. Cette plantation idéale offrira une meilleure répartition de l’eau, une plus forte résistance lors des sécheresses et une diversité génétique utile contre les pressions fongiques. Nous découvrirons des exemples dans les prochains articles.

Cépages locaux, sélection massale, complantation adaptée au relief, une plus grande diversité

Polyculture et diversification

La vigne mais pas que. Que faire lorsque 90% de son vignoble est touché par le gel ? Diversifier une culture ou une activité devient alors intéressant voire indispensable. Et puis au-delà de ça, réintégrer un peu d’élevage pour produire des œufs ou du lait est utile pour fabriquer du fumier utilisé pour nourrir les sols. Le domaine viticole se transforme donc en une ferme en polyculture élevage, autonome et indépendante.

Polyculture, élevage, diversifier son activité agricole : une ferme globale autonome et indépendante

Arbres et sol

Réintégrer les arbres dans et autour des cultures est efficace pour lutter contre la sécheresse, absorber l’eau des forts épisodes de pluies et pour la vie du sol. En plus de nourrir ce dernier avec ses feuilles mortes, l’arbre fait remonter l’eau des profondeurs par capillarité ou l’absorbe au besoin et stocke du carbone. 

Enfin, ses racines se greffent à celles de la vigne et échangent ensemble par un réseau appelé mycorhizien, bénéfique pour se partager des ressources et être plus résistant contre les agressions.

S’inspirer de la forêts, augmenter la biodiversité, protéger les sols

CO2 et volet social/sociétal

Très peu travailler ses sols, moins traiter grâce à la résilience d’une plantation adaptée et d’une biodiversité retrouvée permet finalement de moins être dépendant de matériel(s) à la pointe de la technologie. En plus de cela, le ou la gérant(e) augmentera la durée de vie de son tracteur sans avoir continuellement le besoin de le changer. Une bonne partie des bouteilles sont vendues au domaine et le reste distribuées dans les communes voisines et la région. Au total, 99% des bouteilles sont vendues dans un microcosme local, hormis quelques-unes qui montent à la capitale… Celles vendues sur place et distribuées chez des cavistes partenaires sont consignées, augmentant l’économie circulaire et diminuant l’impact carbone du domaine. Une agriculture paysanne à taille humaine et une égalité des salaires entre les hommes et les femmes est aussi importante dans l’agroécologie.

Toutes ces actions, du pied de vigne, génétiquement différent des autres, à la vente au locale en passant par l’implantation intelligente du domaine dans son écosystème local (arbres, faune et flore) permettent de rendre l’exploitation, le domaine agricole pardon, résilient. Point commun qui lie tous les domaines visités que nous verrons dans notre série.

Lire le prochain article sur l’agroécologie au Clos Saint-Conti.

Rédacteur : Willy Kiezer

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