Alors que les débats entre « pro conventionnel » et « pro nature » vont bon train, j’ai décidé que je ne trancherai pas ! En revanche, il existe une multitude d’essais à ce sujet et je me délecte de constater que les origines philosophiques revendiquées par les vignerons naturels, font échos à la littérature underground des vingts dernières années !
Le manifeste d’Antonin Iommi Amunategui a été édité en 2015. Actuellement on parle beaucoup de son auteur car il vient de sortir le « Glou guide » qui référence 150 vins natures à moins de 15 euros. Antonin, est devenu en quelques années, un ambassadeur des vins naturels pour ne pas dire un activiste. Focus sur un ouvrage qui pose les bases théoriques et philosophiques d’un mouvement agricole qui n’est pas prêt de disparaître !
Mais c’est quoi les vins naturels bon sang ?! C’est une mode ? Une nouvelle tendance viticole ? Une nouvelle philosophie de vie en adéquation avec les problématiques climatiques et la consommation responsable ? C’est une bande de punks qui fait du vin en détruisant un siècle de dogmes viticoles et scientifiques ? Mais c’est quoi bon sang ?
Antonin Iommi Amunategui débute son essai en affirmant que « le vin naturel est au vin ce que l‘utopie est à la société », c’est un « système objectivement meilleur », c’est finalement un modèle alternatif qui puise son origine au coeur d’échanges d’idéaux marginaux.
En 1991 Hakim Bey sortait son essai sur les ZAT (« Les Zones Autonomes Temporaires »), à l’époque, on considérait Bey comme un des premiers intellectuels à théoriser le mouvement « techno », les free parties et leurs tribus. Amunategui fait un parallèle avec cet auteur en rapprochant ces observations de la réalité que vivent actuellement les vignerons naturels. De la contre culture, on glisse naturellement à la contre-agriculture dans laquelle il existe un vraie fluidité tribale dans les rapports économiques.
Comme dans les ZAT de Bey, les vignerons naturels placent la solidarité, l’entraide et l’innovation au coeur de leurs échanges, ils proposent finalement un modèle alternatif quasi libertaire car il n’existe pas de définition légale du vin naturel et la plupart des vignerons n’en veulent pas. Pourquoi ? Car une définition légale permettrait aux industriels de s’engouffrer dans la brèche et de proposer une offre en supermarché qui n’aurait de « naturelle » que l’appellation…
« Le vin naturel est le résultat d’un processus de création libéré : libéré des produits chimiques de synthèse et des industriels qu’ils induisent, libéré du carcan des appellations standardisées, des grands réseaux de distribution, des guides à la papa et des médailles en toc ».
En d’autres termes, il est une alternative responsable et écologique face à une offre conventionnelle qui refuse de préciser sur ces étiquettes que dans chaque bouteille, une cinquantaine de produits chimiques sont utilisés…
A l’heure où la planète réalise (enfin) que nos modes de consommation et de production modernes épuisent notre environnement, le monde du vin nature nous offre un modèle agricole, économique et Infiné politique et sociétal alternatif et responsable.
Et il n’y a rien de nouveau là dedans ! Le vin préféré de De Gaulle était un Beaujolais (nature) de Jules Chauvet et vous savez quoi ? La légende dit que notre bon vieux général faisait déjà la grimace quand on lui tendait un verre de Bordeaux conventionnel … Décédé en 1989, Jules Chauvet était un oenologue mais également un scientifique qui passa sa vie à défendre scientifiquement la légitimité de ce mode de production…
1989, c’était il y a 29 ans… Elle est tenace cette soit-disant mode des vins naturels ! Qu’on soit pro ou anti, cette réalité et les questionnements qu’elle suppose, existe. Et j’ai personnellement la conviction qu’elle n’est pas prête de disparaître. Tremblez mesdames messieurs les détracteurs ! Les anarchistes du vin sont prêts à prendre le pouvoir !
fA.
Il n'y a aucun commentaire.