Pictogramme représentant le logo Facebook Pictogramme représentant le logo Instagram Pictogramme représentant le logo LinkedIn Pictogramme représentant le logo Twitter

Plaisirs gustatifs ou principes moraux ?

Par Willy Kiezer | 23 février 2019 | Blog | 1 commentaire

La perception d’une saveur suffit-elle à juger la qualité d’un produit ? Il est selon moi difficile d’apprécier un produit à juste valeur, en se basant uniquement sur des critères gustatifs. C’est un peu l’histoire du Nutella, nul ne peut ignorer que c’est un aliment  assez nocif (en quantité) pour la santé. Et c’est un secret de polichinelle mais sa production a de gros impacts écologiques, du fait notamment de l’exploitation de l’huile de palme. Et pourtant, qu’est-ce que c’est bon et tout le monde s’en moque ! Certaines personnes sont mêmes prêtes à se battre pour en acheter.. Alors le principe, vous vous doutez bien que…

Dans l’univers de la dégustation, c’est le même principe avec certains vins conventionnels (pour ne pas dire beaucoup, au risque de choquer certains consommateurs) . Certains sont gouteux, savoureux mais pourtant leurs créateurs utilisent des pesticides dans les vignes et des intrants œnologiques dans le jus. Mais qu’est-ce qu’ils sont encore bus ! Cet article n’a pas pour vocation (allez un peu quand même) de dire ce qui est bien ou pas, mais surtout de permettre de vous poser une question : « Est-ce que le plaisir gustatif l’emporte sur la qualité d’un produit ? »

Le goût ou le principe ?

Partons du principe qu’acheter un produit mieux « élaboré » qu’un autre est rentré dans nos esprits, nous pouvons ensuite découvrir de nouvelles sensations et de nouveaux goûts. Encore faut-il en avoir envie. Mais s’ouvrir, c’est finalement essayer de comprendre ces vins qui sortent du cadre,  c’est essayer de les apprécier et même d’ailleurs, parfois, de ne pas les aimer. Mais ce qui est sûr c’est qu’il faut sortir du cadre, ou au moins s’y essayer.

Beaucoup d’amateurs de vins, voire de « professionnels » du milieu (blogueurs, journalistes ou autre) ne veulent pas sortir du cadre conventionnel, comme celui de l’appellation par exemple et ne rentrent pas ou rarement dans le détail de l’élaboration des vins. C’est dommage, selon moi, surtout quand le vin représente pour eux une passion. Est-ce que pour autant, cela les empêche de parler du vin ? Non, bien au contraire, pourtant, une bonne partie d’entre eux émet des jugements assez tranchés, sur la qualité de certains vins. Peu d’efforts sont faits sur des critiques constructives des vins, de leur élaboration à leur dégustation.  Je suis d’autant mieux placé pour en parler, ayant moi-même été assez fermé d’esprit sur le sujet des vins naturels, et pas toujours regardant sur la façon dont étaient élaborés les vins que je dégustais. J’avais, par exemple, dans l’esprit que le vin nature sentait mauvais, sans même me poser de questions concernant son élaboration ou son histoire. Bien-sûr, tous les vins « nature » ne sentent pas mauvais.

D’ailleurs, un vin nature est un idéal de vinification, le vin « naturel » est une dénomination qui convient mieux à cette catégorie car les vins sont plus propres que les conventionnelles, sans intrants et avec moins de sulfites. Sont-ils meilleurs ? Au goût, cela demande une nouvelle éducation de notre palais, car nous sommes habitués à une standardisation du goût des vins conventionnels, mais après avoir franchi cette étape, sans aucuns doutes ! De meilleur qualité, oui et de loin, leur élaboration tant sur le côté vigne que vinification est la plus respectueuse qui existe.

A l’inverse, j’ai toujours eu en tête que le vin faisait partie de l’essence même du terroir, une sorte de géographie à l’état liquide. Je pensais ainsi que les meilleurs vins étaient des grands crus ou premier crus, et qu’ils représentaient l’expression d’un terroir.. Le travail dans la vigne, pour moi, était « bien fait », sans produits méchants et ces appellations garantissaient des produits sains, autant pour l’homme que pour les terroirs dont ils étaient issus. Je pensais également que le vin n’était finalement que du jus de raisin fermenté,  et qu’il n’y avait pas une liste d’ingrédients (que j’étais naïf). Alors imaginez-vous mon étonnement quand j’ai appris que des dizaines d’intrants plus ou moins naturels ou transformés (comme les levures) peuvent entrer dans l’élaboration de ce liquide conventionnel : j’ai tout de suite vu que cela ne correspondait pas à ma définition d’un vin de terroir. Quand vous arrivez à avaler cela, vous pouvez ensuite avaler un véritable produit du terroir, sauf des couleuvres…

Pour être transparent, je me suis senti un peu démuni, voire même « trahi » : comment continuer à « kiffer » le vin, à en parler et à raconter la vie d’un domaine, alors même que vous avez des doutes sur son origine et sur ses effets. C’est donc la que j’ai commencé à m’intéresser aux vignerons dits « nature », à essayer de comprendre leur philosophie. Elle est d’ailleurs simple : l’élaboration d’un vin et les principes qui l’entourent sont tout aussi importantes que le plaisir de le déguster. Les vignerons « nature » ne produisent pas du vin « nutella » mais une pâte à tartiner sans conservateurs, sans produits chimiques, bref, un véritable produit naturel, et reflétant le terroir !

1 commentaire

  • Avatar stéphanie courty dit :

    ça serait pas la cave (sur la photo) des 9 Caves à Banyuls par hasard ? il me semble reconnaitre des références ! xxx

Laisser un commentaire

Veuillez remplir tous les champs ci-dessous. Les champs obligatoires sont indiqués avec (*) :

Articles similaires :