Alors que les températures caniculaires font suffoquer la France, les français célèbrent l’heure de l’apéro à grand renfort de vin rosé ! Les cliquetis des glaçons dans les verres ne trompent pas : l’été est là, les vacances sont toutes proches et le rosé reprend son rôle d’étoile filante. Pourtant loin de cette légèreté absolue, ce vin est le premier choix des moins de 35 ans. Cet été, la consommation de rosé a dépassé celle des blancs en France et aux États-Unis les importations françaises ont augmenté de 30 % en 10 ans – Cocorico ! Le Monde consacrait une pleine page à cette tendance le 2 juillet dernier en affirmant que contrairement aux deux autres couleurs, le vin rosé a su séduire les consommateurs avant les sommeliers. Voici quelques clichés et vérités sur ce jus translucide qui colore nos étés !
Étape 1 : Qu’est-ce-que le rosé ?
Pressurage direct et macération.
Commençons par le commencement. Le rosé est un vin dont la couleur peut aller d’un rose poudré très pâle à un fuchsia soutenu. Ce vin n’est pas un assemblage de blanc et de rouge en effet il est fait à partir de raisin noir : explications !
Le rosé est élaboré à partir de raisin noir et non blanc. Toutefois, certaines appellations autorisent des cépages de raisin blanc dans leur cahier-des-charges. Mais alors, pourquoi le vin est-il rosé alors que les vignerons utilisent le même raisin que pour faire du rouge ? La réponse est dans le temps de contact et d’échange entre le jus des raisins et leur peau : la macération. Ce temps de contact est décidé par le vigneron qui choisit ainsi la future couleur de son vin rosé. Des raisins pressés directement offrent une couleur très pâle, alors qu’une courte macération de quelques heures offre une couleur plus soutenue. En revanche le temps de macération n’excède généralement pas plus de vingt heures pour un vin rosé. Quel impact sur le goût ? Plus la couleur est soutenue, plus le vin a de corps, de longueur, de relief …
Étape 2 : Le vin rosé en chiffres, un goût forcément standardisé ?
Le rosé en France ? Ce sont près de 45 millions de bouteilles produites par an. Les français en consomment en moyenne 23 litres chaque année, il représente 30 % de la production totale et il a un prix moyen de 4,62 euros en Provence mais peut atteindre plus de 100 euros ( la cuvée Garrus du Château d’Esclans, près de Draguignan). Il existe depuis 5 ans un véritable engouement international en faveur du rosé avec une augmentation de plus 20 % par an de la demande internationale et chaque année les producteurs se demandent s’ils vont pouvoir faire face à cette augmentation ! Ces chiffres et cette popularité expliquent une certaine uniformisation de cette boisson. Les grands négociants ont tendance à lisser les saveurs pour les faire correspondre aux goûts des consommateurs des quatre coins du monde …
Un rosé pâle synonyme de qualité ?
A partir des années 2000, des rosés très clairs sont apparus en Provence et il faut admettre qu’à cette époque, cette pâleur était en général gage de qualité. Le succès et la popularité n’ont pas tardé à montrer le bout de leurs nez et finalement toute la Provence s’est mise à produire ces jus translucides. Mais si au départ, certains rosés très clairs étaient un parti pris, c’est devenu une véritable mode ! Les négociants se sont mis à rechercher cette pâleur utilisant parfois des procédés chimiques pour parvenir à cette couleur tendance… Aujourd’hui, de nombreux vignerons cherchent encore cette transparence mais d’autres, au contraire, essayent de refaire des rosés de matière, plus riches, plus complexes.
Étape 3 : Des vins naturels pour des rosés pas comme les autres !
Loin des vins standardisés qui remplissent les étagères des supermarchés, certains vignerons ont décidé de changer la donne. Finis les codes d’un vin agrumé à la couleur pâle obtenu grâce à la levure B13310 (ne cherchez pas à la trouver en ligne, elle n’existe pas :p), place à un liquide qui a de la complexité et de l’originalité à en revendre (=zéro filtration).
Ces vinificateurs ne font pas seulement du rosé pour le mettre dans leur gamme, non ! Ils ont une idée précise de ce qu’ils veulent créer : un vin d’artiste, un vin de gastronomie dont la couleur ne fait pas disparaître le relief. Si quelques-uns bien-sûr se consomment à l’apéro , de préférence autour d’une piscine (tiens le cliché parfait), beaucoup d’autres pourront faire concurrence à certains vins rouges ou blancs. Qui a déclaré qu’une côte de bœuf s’accordait seulement avec un vin rouge puissant et tannique ? Essayez le Tavel des Carabiniers ou le rosé de la cave des vignerons d’Estézargues. Puissant, long, complexe pour les deux et même avec une petite pointe de tanins pour le second. Cela a de quoi balayer les codes et faire douter vos papilles.
Avez-vous déjà senti l’abricot, la pêche, les fruits rouges et en même temps la rose fanée ? C’est possible avec Laura Aillaud et son “Entre deux eaux” (vidéo bas de page) ! Un vin rosé d’artiste qui mérite une médaille d’or. Sans oublier le rosé du domaine Montirius, pâle, complexe avec une dose de fraîcheur inégalée pour ce pionnier de la biodynamie de la vallée du Rhône sud. Tant de choses et d’éloges à raconter sur ces domaines et leurs cuvées rosés. On change de dimension, il faut se laisser aller à la curiosité pour apprécier. Allez, laissez-vous aller, sortez du cadre car le vin rosé, ce n’est pas que pour l’été !
Voici une liste de vignerons et leur rosé capable de vous épater.
Anathème rosé – Thierry Forestier – Domaine Mont de Marie – Gard
Vivar rosé – Laurent Fell – Mas de l’Escarida – Ardèche
Entre deux eaux – Laura Aillaud – Domaine Laura Aillaud – Lubéron
Dai – Myrko Tepu – Domaine Myrko Tepu – Var
Edouard Santex – Esperanza – Un coin sur Terre – Petite Camargue
Wah Wah Light – Brendan Tracey – mi rouge mi rosé – Loire
Domaine Saint Apollinaire – Côtes du Rhône
Tavel – Domaine des Carabiniers
In extremis – Safres bleues – Vallée du Rhône sud
Domaine les Arabesques – Saskia van der Horst – Roussillon
Domaine Des Pothiers – Côtes Roannaise
Clos des Jarres Rosé – Vivien Hemelsdael -Minervois
Château Barbanau – Côtes de Provence
Château de Roquefort – Côtes de Provence
Domaine de la Garrelière – Pascale et François Plouzeau – Touraine rosé
Les Grandes vignes – La cave des vignerons d’Estézargues
Domaine Les deux Clés – Corbières
Domaine de la Ganse – Coralie Onde – Vacqueyras
Les Monges – Rosé Coteau d’Aix en Provence – Domaine de la Montgestine (disponible sur les grappes)
Montirius Perle de rosé – Domaine Montirius – Sarrians – Vallée du Rhône sud (disponible sur les grappes)
Tous les domaines énoncés travaillent en bio et en biodynamie.
Il n'y a aucun commentaire.